Structuré par deux concepts, ou axes fondamentaux, «savoir» et «vivre», l’expression savoir-vivre pourrait avant tout signifier la volonté de vivre en société, dans le respect des règles de bienséances ou des codes érigés, par un chef de tribu, une religion ou un état.
Le savoir-vivre, s’il est l’expression de l’assimilation d’une tradition, il est aussi et avant toute chose, la célébration du sens profond de ce hadith. Dieu a fait belle la création et, en tant qu’elle est Sa manifestation, l’homme se doit, comme dans un effet de miroir, la contempler, l’admirer et la méditer en veillant à exalter la Beauté en toute chose. Ainsi il vivra en harmonie avec les éléments et, de manière naturelle, sera lui-même et ce qui l’entoure, une commémoration de la sagesse de ce propos prophétique. «J’étais un Trésor caché et Je n’étais pas connu. Or J’ai aimé être connu. Je créai donc les créatures et Je les fis connaître par Moi. Alors elles Me connurent». Dieu par don absolu, a créé les créatures pour qu’elles Le connaissent. Ce Hadith, au fondement de toute la doctrine de l’amour et de la Haqiqa Muhammadia, notamment chez Ibn Arabi, met en scène le rapport entre l’amour et la connaissance. Le trésor renferme toujours non seulement le beau mais la puissance du secret. La création, Coran ouvert, selon certains soufis, est donc belle et invite les hommes à la contemplation de Dieu, qui s’épiphanise en toute chose. Ainsi contempler Dieu dans Sa création est en soi un savoir-vivre fondamental puisque, sans cela, toute quête du sens dans la vie, demeurerait vaine et non conforme à l’adab primordial de toute universalité du spirituel. C’est là, dans cette dimension ontologique, que s’organisera et se définira le principe même de l’adab de l’initiation spirituelle.
Qu’il s’agisse du rapport au maître spirituel, au dhikr, aux différentes règles de psalmodie du Coran, plus tard aux règles de bienséance du sama’, tout le savoir-vivre d’initiation, trouve ses racines et son sens dans l’expérience émanant des deux hadiths cités plus haut.
Par Rajae Benchemsi
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