L’art de vivre, dans le Maroc médiéval, s’est exprimé avec beaucoup de délicatesse et moult détails dans les arts de la table. Dis-moi ce que (et comment) tu manges et je te dis qui tu es…
La cuisine est un phénomène culturel et social lié au développement des civilisations, car elle représente l’une des manifestations de la créativité, voire de l’interaction esthétique et symbolique des individus et des groupes. En effet, les goûts et les modèles alimentaires représentent un élément essentiel de l’identité culturelle et civilisationnelle de la société. Malgré leur rareté, les livres de cuisine écrits par les Marocains dans le Moyen Âge reflètent un matériau riche en connotations, dans lequel l’aspect économique se croise avec le développement de traditions culinaires et de coutumes sociales parallèles, reflétant en même temps l’histoire des modèles culturels et des sentiments psychologiques. Les riches et les pauvres des Marocains ont partagé de nombreux aliments au moins au niveau de la dénomination, mais ces aliments différaient par leurs composants, leurs modes de présentation, leur abondance, etc. Par exemple, la soupe, qui était une tradition dans les tables des riches, se distinguait par ses ingrédients. Il pouvait s’agir de miettes de semoule ou de «darmak» (farine blanche), et de bouillon de poulet et d’œufs de clous de girofle aux saveurs variées comme la cannelle et le safran. La table des riches s’ouvrait avec elle, avant de passer aux différents plats de viandes, volailles et légumes. Les riches aimaient aussi le couscous, avec certaines variantes. Comme ce mélange de couscous et de méchoui, à base d’agneau farci et recousu, puis grillé au feu.
Par Mohamed Yassir El Hilali
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