Fès n’est pas qu’à Fès. Comme toutes les grandes métropoles, la cité a déteint sur le Maroc par ses us, ses codes, ses manières d’être et de vivre. Lesquelles pénètrent, au fil du temps, les différentes couches sociales du Maroc.
Être Fassi n’est pas qu’une appartenance géographique, mais une manière d’être. Cela réfère à «une civilisation des mœurs», selon l’expression de Nobert Elias. Le mode très subtil, fait de non-dits et de codes comportementaux, n’a son pareil au Maroc qu’à Marrakech qui a donné au parler marocain l’expression «Na’amass», contraction de «Na’am Sidi», préservée en l’état dans le jargon makhzenien et son signifié fait de soumission et de disponibilité. Les deux grandes villes ont d’ailleurs irrigué les règles d’al «qaeda» (tradition) dans dar al makhzen, autre grande source de normes, qui tient de la zaouia son mode, de Marrakech ses manières et de Fès certains de ces attributs. Pour signifier le rôle polaire de Fès, on rapporte le diction suivant : Tout est à Fès («alkoulou fi Fas»). C’est là où se trouvent le tombeau de Moulay Driss1er al-Azhar, la grande université al-Qaraouiyine. Fès étant aussi la capitale du Maroc, qu’elle disputait, certes, avec Marrakech. Mais Fès était et est toujours un melting pot, et on refusait à toutes ses composantes une quelconque préséance par la référence au proverbe, toujours en vigueur : «Personne n’est sorti de la qoba (dôme) de Moulay Driss». Tous les chemins menaient à Fès, mais Fès irradiait aussi, par son prestige, son savoir, son commerce, ses élites, surtout religieuses, dont l’aura dépassera les contours du Maroc.
Par Hassan Aourid
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