Contrairement à ce que laissent entendre certains historiens, le Portugal voulait bien faire du Maroc un pays satellite. Mais l’Espagne était là…
Peu d’écrits se sont penchés sur le rôle de la compétition avec la Castille, puis avec l’Espagne, dans les grands efforts -parfois suicidaires au sens propre du terme-fournis par le Portugal, un petit pays d’un million d’habitants à l’époque, pour occuper le Maroc, notamment atlantique. Car il ne s’agissait pas toujours de fonder seulement des comptoirs côtiers, comme le prétendent certains historiens coloniaux, tel Robert Ricard, pour en tirer des bénéfices commerciaux et stratégiques. Il était bien question, parfois, d’envahir le Maroc, d’occuper sa capitale -Fès ou Marrakech- et d’en faire un pays satellite. Sinon comment expliquer que le roi Don Manuel envoie, en 1507, une mission militaire pour étudier des fleuves marocains afin de s’assurer de leur navigabilité. Ce n’était pas juste pour sonder la possibilité pour les commerçants portugais de pénétrer à l’intérieur des terres. Car, en tout cas, ceci était impossible, vu la méfiance de la majorité des Marocains (Makhzen et populations) et leur hostilité à toute entreprise de pénétration étrangère, quel que soit le motif déclaré. Par contre, le Portugal semble obnubilé par l’idée que les Espagnols mettent à profit leur domination sur la plus grande partie de la côte méditerranéenne du Maroc pour s’étendre vers Fès. Surtout que Fès se trouve pratiquement à équidistance des deux côtes maritimes. Certains historiens affirment que l’Espagne, vu sa stratégie essentiellement méditerranéenne, se contentait de la côte nord du Maroc et de l’Afrique du Nord ; ils oublient que les deux puissances ibériques ont failli entrer en guerre à propos des Îles Canaries autour de 1450.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°101 (avril 2019)