L’esclavage a été au cœur de l’aventure portugaise au Maroc. Et il a été pratiqué à très vaste échelle…
L’instinct de survie peut nous conduire aux pires sauvageries. C’est exactement ce qu’il s’est passé pour le Royaume du Portugal. La conquête de Sebta en 1415, action d’une rare sauvagerie, marque plus pour la royauté portugaise une tentative de sauver sa peau plutôt que la poursuite d’uneReconquista médiévale. Les premières années du XVème siècle ont été très difficiles pour cette nation ibérique en proie à des crises successives. Dévalorisations monétaires, perpétuel état de guerre, mauvaises récoltes ou encore attaques de corsaires basques, bretons et musulmans contre les ports du pays, posent finalement « la question de l’indépendance économique et politique du royaume », souligne l’historien António de Almeida Mendes, auteur d’une thèse sur l’esclavage et la traite ibérique en Atlantique et en Méditerranée. Ce qui conduit les souverains portugais à opter pour « l’aventure marocaine » ; comme s’il s’agissait là de donner un os à ronger à un peuple et des élites en colère. Dès 1407, le plan de bataille contre le Maroc est en préparation ; la royauté portugaise pense trouver son salut grâce « aux eaux poissonneuses des littoraux, aux riches terroirs du centre, l’or des caravanes et la main-d’œuvre du Maroc ». Sebta est attaquée, sans aucun respect pour les codes de guerre de l’époque. La ville est mise à sac par une armée composée de mercenaires étrangers et de délinquants de droit commun. Résultat ? La moitié de la population est massacrée, l’autre est réduite à l’esclavage.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°101 (avril 2019)