Alors que les Saâdiens, venus du Sud, «montaient» vers Fès pour parachever leur domination du pays, la capitale wattasside, fidèle à ses émirs alors que leur fin était inéluctable, opposa une farouche résistance.
Àjeter un coup d’œil général sur l’histoire du Maroc, force est de constater que les périodes au cours desquelles Fès et Marrakech faisaient partie de la même entité politique se limitaient aux règnes forts, lorsque les sultans disposaient de moyens militaires et financiers conséquents pour réunir sous leur autorité les deux rives nord et sud de l’Oum Erbia. Pendant les périodes de faiblesse, et elles ne sont pas rares, le Maroc avait tendance à se scinder en deux royaumes de part et d’autre du célèbre cours d’eau. Au début du XVIème siècle, le royaume offre l’image déconcertante d’un pays morcelé avec, dans sa partie septentrionale, le pouvoir chancelant des Wattassides, ou ce qui restait de la dynastie mérinide. Ceux-ci avaient perdu toute légitimité car ils n’étaient pas capables d’empêcher la chute de Grenade en 1492, ni l’occupation par les Ibériques, au Maroc même, de plusieurs villes côtières. Devant cette impuissance, les Marocains se sentaient menacés dans leur existence. D’Agadir dans le Souss jusqu’à Melilia dans le Rif, les villes côtières tombaient une à une aux mains de l’ennemi. En ce moment précis de l’histoire du Maroc, la résistance contre « le chrétien » semblait être la question vitale qui préoccupait le pays. Dans le Souss, où les sultans avaient cessé depuis longtemps d’exercer tout pouvoir, les tribus s’adressèrent aux chérifs saâdiens du Dra, leur demandant de diriger le jihad contre les Portugais qui s’étaient installés à Massa en 1497, puis à Agadir en 1505. En effet, le premier succès saâdien fut la libération de la forteresse de Founti en 1541. Ce fut là une victoire qui devait avoir une grande résonance à travers tout le pays.
Par Mohamed El Mansour
Lire la suite de l’article dans Zamane N°171