Grand connaisseur du Maroc agricole et du Maroc tout court, Grigori Lazarev revient, dans cet entretien exclusif avec Zamane, sur les réalisations et les rendez-vous manqués de l’histoire récente du Maroc.
Racontez-nous votre rapport avec le Maroc et comment vous avez été amené à y travailler ?
Le hasard d’une rencontre avec un professeur du Musée de l’Homme et de la géographie à la Sorbonne m’a fait connaître un curieux personnage qui avait proposé au Maroc de planifier l’agriculture en dehors des schémas coloniaux. Ce personnage a fait le pari de s’assurer la collaboration d’un groupe de jeunes, dont faisait aussi partie Paul Pascon, et qui ne reflétaient pas l’esprit des bureaucrates français, alors les maîtres du jeu dans la jeune administration marocaine. Ceci m’a ramené au Maroc que je n’ai plus quitté pendant de longues années. Les circonstances m’ont successivement amené à travailler avec l’OCP pour une étude sur les villages miniers qui nous avait été demandée par Karim Lamrani, au plan que supervisait Abderrahim Bouabid à l’ONI (Office national de l’irrigation) que dirigeait Mohamed Tahiri. Entre deux contrats, j’ai même travaillé, un temps, avec «L’Avant-Garde», l’hebdomadaire de l’UMT.
Quelle était la situation du secteur agricole au Maroc pendant le Protectorat ? Et comment pouvez-vous décrire la politique des autorités coloniales dans ce domaine ?
Mes premiers regards sur l’agriculture du Maroc, au début de l’indépendance, ne pouvaient pas éviter de comprendre ce qui s’était passé avant et pendant le Protectorat. Il était clair que la politique des autorités françaises était fondamentalement une politique coloniale, celle d’une exploitation des ressources en terre du pays en favorisant et en donnant tous les avantages à des colons français. Leur projet politique n’était pas, dans le fond, différent de celui de la colonisation en Algérie, mais au Maroc, il ne leur était pas possible d’aller aussi loin, en grande partie en raison de la politique de Lyautey, qui avait cherché, mais finalement sans vrai succès, à limiter la prédation des terres par la colonisation.
Propos recueillis par Imad Stitou
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 89
Bonjour .
Je suis content des dossiers que zamane aborde depuis longtemps .l’article avec m. L azarev est intéressant .ingénieur agro-alimentaire,amenagiste-urbaniste et ancien cadre au sein du ministère de l’agriculture.
Je suis en train de réfléchir sur la rédaction d’une histoire douloureuse d’une famille au gharb pendant la colonisation .