S’il est difficile et subjectif de trouver le beau dans la nature et les arts, la beauté humaine fait en général plus l’unanimité. Quelle place tient la beauté des gens dans la société marocaine ? Les critères de beauté sont-ils figés dans l’espace et le temps ? Aux yeux des Marocains, qui sont les individus qui incarnent la beauté ? Autant de questions que se sont posées sociologues et anthropologues. Hayat Zirari, qui s’est longuement penché sur le phénomène, décrypte pour Zamane quelques uns de ses aspects…
En quoi la notion de beau est-elle un enjeu dans la société marocaine ?
La notion de beau est sans aucun doute subjective. Très relative, elle est évidement dépendante de différents contextes de l’espace et du temps. Ce qui est beau dans une région ne l’est pas forcément dans une autre. De même, ce qui est beau au Moyen Age ne l’est pas aujourd’hui. Nous sommes par exemple dans une ère où la représentation du beau est de plus en plus diversifiée. Les canaux de beauté sont désormais hétérogènes et chaque individu cherche à se valoriser socialement. Les critères de beauté répondent également à d’autres références telles que l’âge, le genre ou encore les catégories sociales. Toutefois, il existe des constantes dans la perception du beau qui forgent notre identité individuelle et collective. Il y a bien évidemment des continuités culturelles et historiques mais qui ne doivent pas cacher les ruptures et les changements. La beauté humaine, au sens culturel global, est indéniablement un atout en société, au contraire de ce qui est inesthétique ; l’image de la beauté étant construite culturellement, ce qui tend à devenir un obstacle à la valorisation de soi. Chaque société développe sa vision du corps et de son esthétique, du sens qui lui ait accordé et des valeurs qui l’englobent. Elle définit ce qui est supposé être beau et ce qui ne l’est pas.
Vous évoquez la perception du beau en fonction de la classe sociale. La beauté ne transcende-t-elle pas ce type de classification ?
Je pense que non. Il ne faut pas oublier que les aspirations restent les mêmes, quelque soit le milieu socioéconomique, voire socioculturel. Le manque d’argent n’empêche pas un individu disposant de peu de ressources matérielles à disposer de critères de beauté. Dans la société actuelle, les exemples sont légion. Vous pouvez acheter des vêtements ou des accessoires issus de la contrefaçon dans le souci d’imiter des parures jugées belles. Paul Pascon est celui au Maroc qui a établi la nécessité de faire une analyse transversale qui transcende la classe, en tient compte du caractère composite des structures sociales au Maroc.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°103 (Juin 2019)