C’est au XIIIème siècle, déjà, que l’Angleterre a rejoint, au moins sur le papier, le cercle des amis du Maroc, via un échange de lettres entre le roi John de la dynastie Plantagenêt et le calife almohade Mohamed Al-Nassir. Mais il fallut attendre le XVIIIème siècle pour passer aux choses sérieuses…
L’arrivée de la dynastie alaouite au pouvoir a donné au Maroc un dynamisme sans précèdent dans son histoire. Le sultan Moulay Rachid a réussi en quelques années à vaincre les derniers Saâdiens et les Zaouïas rebelles, et à pacifier les tribus récalcitrantes. À son entrée victorieuse à Marrakech en 1669, il a non seulement redonné au Maroc son unité politique, mais aussi son prestige au regard des puissances européennes et du voisin Ottoman en Algérie. Avec l’ascension du jeune sultan Moulay Ismail en 1672, le Maroc mena campagne pour libérer les villes côtières sous occupation étrangère. Après un long siège en 1680, les Anglais comprirent que l’acharnement des Marocains rendra leur présence à Tanger très couteuse en vies et en ressources. N’ayant pas écarté la solution diplomatique, le sultan envoya en 1681 son ambassadeur Mohamed ben-Haddou pour convaincre son hôte, le roi Charles II, d’évacuer la ville du détroit. Le séjour de ben-Haddou durera six mois et fut minutieusement organisé et largement décrit par les Anglais, y compris sa visite à Oxford, à Cambridge et à la Royal Society dont il est devenu membre. À son retour au Maroc, en 1682, le sultan refusa de ratifier le traité proposé à ben-Haddou et continua la pression militaire sur Tanger, jusqu’à ce que les Anglais décidèrent d’évacuer la ville en février 1684.
Par Mehdi Elharti
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