En 1864, le sultan Mohamed Ben Abderrahmane, reçoit à Marrakech un émissaire de la reine Victoria d’Angleterre. Il s’agissait de Moses Montefiore, richissime banquier et notable de la communauté juive de Londres. Il fut reçu avec les honneurs dus à un envoyé d’une des couronnes les plus puissantes du monde de l’époque. Qu’avait-il à dire au sultan ? Quel message, quelle demande ou peut-être quels ordres venait-il communiquer au sultan ?
Nous sommes à une année de la défaite des moudjahidines marocains contre la puissante et organisée armée espagnole. Les Ibériques avaient occupé Tétouan après la rude bataille qui porte le nom de la ville : la Bataille de Tétouan. Les combattants venus de l’empire chérifien avaient continué à se retirer les uns après les autres, selon al-Nassiri dans «L’Istiqsa’», et ne sont restés que les habitants du Nord du Maroc et les bataillons dépêchés par la ville de Fès. La perte de cette bataille coûtera très cher aux caisses du Makhzen. L’Espagne avait non seulement pu évaluer la force de son voisin du Sud et s’assurer de sa faiblesse, mais elle avait tenu à ce qu’il paye sa défaite. Une rançon très lourde que la trésorerie du sultan ne pouvait se permettre. Le Premier ministre espagnol, qui dirigeait personnellement les opérations, avait repoussé toutes les médiations dont celle très influente de la Grande-Bretagne. La somme que devait payer l’Empire était de 10 Millions de francs en or. Le sultan a essayé d’imposer de nouveaux impôts mais, devant la grogne populaire, il y renonça et opta pour l’emprunt. Et ce fut la Grande-Bretagne qui se proposa de le faire. Le Maroc devint du jour au lendemain faible et mis sous tutelle.
Par Moulim El Aroussi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°136