Une autre lecture de l’histoire de la tribu des Glaoui est possible. La Kasbah de Telouat, fief de ces puissants seigneurs de l’Atlas, contemple du haut de ses 2000 mètres d’altitude le récit mouvementé de la famille marocaine la plus en vue de la première moitié du XXème siècle. Un témoin de pierre et de terre aujourd’hui abandonné, mais qui a encore tant de secrets à dévoiler…
Un modeste marabout niché sur les hauteurs de l’Atlas, puis fief d’une tribu presque anonyme, ensuite citadelle militaire redoutée qui devient un véritable palais des mille et une nuits… Aujourd’hui, la casbah de Telouat est presque totalement en ruine. Le destin de ce château pas comme les autres épouse celui de ses célèbres possesseurs. Gloire et décadence des Glaoui sont symbolisées par cette bâtisse fantôme, aujourd’hui visitée par de rares touristes un peu plus curieux que les autres. Située sur le flanc sud du col du Tizi n’Tichka, la citadelle surplombe le village de Telouat, connu depuis des siècles comme un important relais sur le chemin des caravanes à une centaine de kilomètres de Marrakech. C’est donc dans ce lieu stratégique, tant sur l’aspect économique que politique, que les ancêtres de la tribu des Glaoua se sont installés, selon certaines sources, depuis le Moyen Âge. Un nom qui est cette fois clairement mentionné durant le règne de Moulay Ismaïl (1672-1727), lorsque l’illustre souverain alaouite fait escale dans le village après avoir été pris dans une tempête de neige. S’il n’est pas encore fait mention d’une kasbah, Telouat est rattaché au nom de la tribu des Glaoua, dirigée alors par un certain caïd Abdessadek El Glaoui, qui serait «tenu en très haute estime par Moulay Ismaïl du fait qu’il fait régner l’ordre dans sa tribu», selon le captif chrétien Thomas Pellow cité dans l’étude de l’anthropologue Michael Peyron sur les Glaoua.
Par Sami Lakmahri
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