Militant révolutionnaire et antisioniste engagé, Abraham Serfaty a été frappé de plein fouet par la cruauté des années de plomb. Après d’innombrables tortures, dix-sept ans de détention, il a enfin été libéré mais immédiatement exilé en France
Nous sommes en septembre 1991. La voiture de deux avocats commis d’office par l’Etat marocain roule à toute vitesse entre Rabat et Kénitra. Destination : la Prison centrale. A leur arrivée, les portes du pénitencier leur sont ouvertes avec une facilité inhabituelle. Ils demandent à voir de toute urgence le plus célèbre des locataires de la plus célèbre prison politique du pays. Il s’agit d’Abraham Serfaty, juif marocain, militant de la gauche révolutionnaire et antisioniste engagé. Certains le surnomment le Mandela marocain, car à 65 ans, il a déjà passé dix-sept années dans les geôles, dont de longs mois au sinistre Derb Moulay Cherif. Il y a subi les sévices les plus inimaginables, de la main de tortionnaires aussi professionnels qu’impitoyables.
Serfaty est informé par les deux hommes qu’il est sur le point d’être libéré, mais qu’il sera déporté en France par le premier avion en partance pour Paris. On lui demande de signer des papiers, ce qu’il refuse illico. Libre il est, libre il restera et il ne fera donc aucune concession. Il n’a pas le temps de se changer ; est conduit, presque manu militari vers l’aéroport de Rabat-Salé et jeté dans un avion de la compagnie Air France, à destination de la capitale française. Cette précipitation signifie qu’il s’agit d’une décision immédiate, du roi en personne. Il a seul le secret de ces décisions, apparemment prises sur un coup de tête mais qui sont souvent mûrement réfléchies. Hassan II a finalement entrepris de se débarrasser de ce prisonnier devenu encombrant, notamment depuis la sortie du best-seller Notre ami le Roi, de l’écrivain français Gilles Perrault. Le livre relate les violations les plus graves que connaît le Royaume, dont le calvaire des détenus d’opinion de Kénitra.
C’est par les médias que la femme de Serfaty, Christine Daure, apprend qu’Abraham est déjà dans l’avion. Elle se précipite à toute allure vers l’aéroport. Plusieurs militants, marocains et français, des droits de l’Homme en font de même. Parmi les membres du comité d’accueil improvisé, on peut citer Larbi Maâninou, le président de l’ASDHOM1 et les responsables des remuants comités CLRCM ! Les sourires sont sur toutes les lèvres.
Par Maâti Monjib
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C’est très intéressant comme article .
A ce propos , j’aurais bien aimé que les biographies de tous les militants et militantes soient réunies en un seul recueil ou ouvrage biographique qui servira certainement à notre progéniture .
mes respescts à tous ceux qui nous font revivre des événements historiques …
je vis au Maroc et je suis musulman , et J’ai appelé mon fils Abraham en hommage à ce grand homme , c’est aussi une manière de dire qu’on peut être juif et entièrement anti sioniste .