Pour s’être mis à l’écart du progrès, pour s’être accrochés à des textes religieux qui ne demandaient qu’à être interprétés, les sultans du Maroc se sont aperçus trop tard que le monde autour d’eux avait bien évolué. Leur empire en paiera le prix fort.
Vers la fin de son règne, Moulay Slimane décide de faire cadeau à ses voisins algériens des derniers bâtiments de la flotte qu’il avait encore dans son arsenal. C’est qu’il avait tiré la conclusion, que beaucoup refusaient encore d’admettre, que le monde musulman n’avait plus la main haute.
Quand l’émissaire de Napoléon, le capitaine Burel, arrive au Maroc en 1808, il constate sans grand effort que ce qu’on appelait encore flotte maritime consistait en une douzaine de bâtiments « tous d’une très mauvaise construction ». À part quelques frégates achetées en Europe, la plupart des bateaux de la flotte marocaine étaient construits sur place, à Rabat ou à Tétouan, avec des techniques et un équipement qui appartenaient à un autre âge. « L’armement de ces navires est très mauvais », écrit Burel. D’autre part, le commandement de ces bateaux était confié à des «raïs» qu’on recrutait selon le besoin. Donc pas de vrais professionnels. Ces raïs, note le capitaine Burel, sont en chômage quand il n’y a pas d’activité et vivent misérablement.
Par Mohamed El Mansour
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