Sorti des bas-fonds, Mohamed Choukri est devenu écrivain par la force de sa volonté et un petit coup de pouce du destin. Trop souvent relégué à un simple mythe, presque un joli conte, Choukri a pourtant passé sa vie à écrire et dire la vérité, crue et nue. La sienne d’abord, mais aussi celle de sa classe sociale et de sa ville d’adoption, Tanger.
Mohamed Choukri n’est pas un mythe. Sa vie -celle d’un gamin rifain né au beau milieu du Protectorat (1935)- en manque de nourriture et de tendresse, ressemble à celle de milliers d’autres. À travers ses livres et malgré lui, il a été le symbole d’une ville, Tanger, et le porte-parole de toute une génération, d’une époque et d’une des classes sociales les plus pauvres et démunies du Maroc ; sans doute aussi l’une des plus nombreuses. La classe des familles pauvres contraintes à l’exode rural, des miséreux, des besogneux, des enfants des rues, des pères violents, des mères usées, des prostituées, des laissés-pour-compte, des illettrés, des fous et des criminels sans grande envergure. Tout ça à la fois. La classe, en fait, de ceux qui survivent au gré des famines et des injustices sociales, écrasés par les classes dominantes. À travers sa petite mais extraordinaire histoire, Mohamed Choukri a dévoilé la grande et dure réalité. Et il n’a pas toujours été chaleureusement remercié pour ça. Ceux qui ont préféré écouter les dires plutôt que de lire ses bouquins l’ont copieusement insulté.
Par Nina Kozlowski
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C’est un plaisir lire encore sur Mohamed Chukri. Il vit toujours.
bonjour
je l’ai connu un bref instant à Tanger avant sa mort , et ensuite mes voisins traducteurs de son oeuvre m’ont appris beaucoup sur lui oui une légende toujours en vie pour nous