Hassan II avait songé à un projet qui allait à la fois renforcer sa légitimité mais aussi assurer la récupération des provinces marocaines du sud. Le projet en question, La Marche verte, fête ce 6 novembre ses 44 ans.
C’était il y a 44 ans : d’aucuns, presse internationale comme pays du monde entier, ne soupçonnaient pas qu’au Maroc aura lieu une des grandes marches de l’histoire contemporaine mondiale. Au sud du pays, le roi en personne avait chapeauté ce grand projet qui allait à la fois contribuer à renforcer la légitimité du trône alaouite mais aussi et surtout aider le Maroc à recouvrir ses provinces du sud.
Ce 6 novembre, les Marocains fêtent donc ce que certains présentent comme étant le deuxième acte fondateur du royaume (après l’indépendance). Pensée par un Hassan II plus que jamais décidé à s’imposer, la Marche verte est rapidement devenue le « coup de génie » du règne du souverain alaouite.
Derrière l’initiative, il y avait tout d’abord une question de timing finement ficelé par le monarque. Alors qu’il était question de discuter d’un compromis en interne avec les nationalistes, à l’international c’est un Franco mourant qui accueille la nouvelle d’une Marche verte. Deux facteurs qui contribuent à enlever à Hassan II tout élément perturbateur. Face à cela, le monarque pouvait aisément brandir la carte du pacifisme, assurant que les participants n’allaient tenir entre leurs mains, qu’un Coran, un drapeau du Maroc et une couverture pour se protéger des intempéries.
L’annonce avait été faite le 16 octobre, soit moins d’un mois avant la tenue de l’évènement, ce qui n’avait pas tardé à provoquer craintes et inquiétudes chez plusieurs membres de la communauté internationale. Peu soucieux de ces retours mitigés, le monarque est résolument décidé à tenir son projet jusqu’au bout qui, d’ailleurs, était en gestation et tenu secret, près de deux mois plus tôt.
Présenté comme surréel, le projet n’allait pas tarder à être à la hauteur des attentes : des centaines de milliers de personnes, venues de tous les coins du royaume, marchent en direction du sud du Maroc, et des frontières espagnoles. L’Espagne, inquiète, souhaitant éviter tout conflit ouvert avec son voisin du sud et affaiblie par un Franco malade, accepte de se réunir avec le Maroc et la Mauritanie pour décider de l’avenir de la région. Sahara récupéré, le roi en sort d’ailleurs grandi, faisant des tentatives de coups d’Etat ayant porté atteinte à son aura des histoires anciennes qu’on rappellera uniquement pour parler de la baraka d’un souverain qui réussit tout ce qu’il touche.