Patria salinarum, la patrie des salines ! C’est ainsi qu’une source de l’Antiquité tardive, l’Anonyme de Ravenne, qualifie la Maurétanie atlantique, tant la qualité de son sel était renommée
Très tôt, l’exploitation des richesses naturelles du littoral du Maroc s’est tournée vers la production de pourpre, colorant très recherché depuis la plus haute Antiquité pour son intense teinte rouge associée au pouvoir royal. A côté de cette production prestigieuse, les richesses inépuisables en sel et en poissons ont orienté l’économie des littoraux de la Maurétanie vers la production d’un sel de grande qualité et l’exportation de salaisons de poisson réputées, conditionnées dans des amphores et largement diffusées dans l’empire romain. Durant l’Antiquité, la mer fascine les auteurs savants et les mythographes. La «plaine marine», comme on aime à qualifier la mer, n’est en fait que très superficiellement connue. Les grands fonds marins, les mouvements des masses d’eau, la cause des marées sont totalement ignorés des Anciens. L’ignorance scientifique est en revanche masquée par la prolifération des mythes et des figures chimériques de Tritons et de Néréides qui peuplent cet univers que gouvernent le titan Océan et le redoutable Poséidon, frère coléreux de Zeus. Dans les mosaïques romaines, à côté de ces créatures inquiétantes, on trouve aussi des scènes de navigation qu’accompagnent des dauphins espiègles ou des scènes de pêche au poisson ou au crustacé. C’est que la mer offre en effet la perspective d’un voyage confortable, comparé à la fatigue des grands chemins, tandis que les fruits de la mer sont partout l’apanage des meilleures tables. Ces images séduisantes révèlent aussi la conception des savants de l’Antiquité. Les cosmographes pensent alors que toutes les eaux de la terre procèdent d’Océan, un grand anneau d’eau salée entourant la Terre.
Jean-Luc Pierre
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