À leur manière et dans leur extraordinaire diversité, les jardins du royaume expriment tout un art de vivre à la marocaine, délicat et raffiné, joignant l’utile à l’agréable.
Le voyageur épuisé par la canicule, lassé par les espaces arides, immenses et impressionnants, séduit par les merveilles du paysage chaud et monochrome, mais empressé de retrouver l’ombre et la fraîcheur, voit se dresser devant lui des hautes murailles de pisé ocre rouge et jaune qui, parfois sous l’effet de la lumière éblouissante, tourne au bistre pétri de rose s’avivant jusqu’au carmin et s’adoucissant au coucher du soleil en un mauve gracieux. Mais, franchie la porte coudée du Ksar ou d’une médina marocaine, s’imposent à lui d’autres sentiments tout aussi intenses : c’est un monde de l’intimité, baigné de fraîcheur et de sérénité, où règnent ordre et quiétude, repos et éblouissement, avantage dont bénéficient les sédentaires, villageois et citadins, et privilège des rois et princes, depuis quelque mille ans, dans les riyâds et jardins, les pavillons et les kiosques qu’ils y ont construits. Avançons tel ce voyageur et entrons progressivement jusqu’au cœur des jardins. Palier par palier, saisissons le sens de chaque composante de cet univers, pour assembler les éléments du puzzle et donner sens à ces espaces de luxuriance.
Par Mohamed Métalsi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°140