Toutes les dynasties qui ont régné sur le Maroc l’ont, à un moment ou un autre, gagnée ou perdue. Possédée ou abandonnée. Toutes et tous en ont rêvé. Et s’y sont perdus. Avec son histoire et son destin exceptionnels, Tanger raconte à elle seule une autre histoire du Maroc.
Dès la séquence phénicienne, qui a lancé les bases d’un Maroc côtier, avec une petite urbanisation qui s’échelonne le long des ports, Tanger est un point de chute et un comptoir important pour la circulation des produits et des hommes. La ville représente alors le bout du monde connu, étant donné sa position de pointe extrême à la jonction de la Méditerranée, mer de tous les passages, et de l’Atlantique, que l’on appela jusqu’au bas Moyen Âge la «mer des ténèbres» (Bahr al-zouloumat). Passée par la suite sous l’autorité de Carthage, Tanger servira ensuite de point de départ de l’implantation romaine, et deviendra la capitale ou haut-lieu de ce qu’on appellera la Maurétanie Tingitane. Durant toute cette période, Tanger joue déjà des coudes avec sa grande rivale, Sebta, moins de 80 km au nord-est. Tour à tour, les deux cités serviront, l’une ou l’autre, voire les deux à la fois, de principal point d’accès à cette terre lointaine qu’est la Maurétanie.
Plutôt que l’arrivée du Moyen Âge, c’est celle des conquérants arabes, après le passage des Byzantins et des Wisigoths, qui va façonner le destin extraordinaire de la ville.
Par Karim Boukhari
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