Ce n’était pas le droit du sol (jus soli) qui déterminait l’appartenance, mais le sang et la confession. Quant à la marocanité, telle que nous la concevons aujourd’hui, elle n’a commencé à germer qu’avec le Manifeste de l’indépendance.
Il serait difficile d’appréhender l’appartenance exprimée aujourd’hui par la nationalité selon les canons d’antan. On s’identifiait à sa religion, à sa tribu, à sa zaouïa, et accessoirement dans les villes à une famille. Maghribi, Maghrabi, Moghrabi : ces termes avaient une connotation large, et englobaient les habitants du Maghreb. On se définissait par opposition à l’autre, et l’Autre était le voisin chrétien. Il y avait selon le droit des gens musulman, Dar al Islam, là où règnent l’islam et les musulmans ; et Dar al Harb (espace de guerre), là où vivent les non-musulmans, ou là où les musulmans sont sous domination.
Dans la même logique, en Europe, le sentiment d’appartenance religieuse primait. Les Morisques, selon une conception moderne, seraient des Espagnols de confession musulmane ; et les Marranes, dont certains se sont repliés vers le Maroc, des Espagnols de confession juive.
Ce n’était pas le droit du sol (jus soli) qui déterminait l’appartenance, mais le sang et la confession. Le débarquement français en Algérie, en 1830, allait bouleverser la donne au Maroc et changer la perception qu’on avait de soi et de l’Autre.
Par Hassan Aourid
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