Sorti du chaos, le sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah a su asseoir son pouvoir en très peu de temps. Il a pu s’imposer à une anarchie qui secouait l’Empire marocain depuis la disparition du puissant sultan Moulay Ismaïl.
En fait, le nouveau sultan hérita d’un Maroc qui, au bout de trente années de déconfiture et d’absence d’autorité, avait pris le goût de la confusion, de la débandade et de l’anarchie. Quel fut donc son secret ? Où avait-il appris l’art de l’organisation et de la gestion de l’armée, de l’État et de la culture ? À-t-il fait des études particulières ? À-t-il pu séjourner en Europe, comme l’avaient fait, avant lui, certains princes marocains devenus roi par la suite tel Abdelmalek Saâdi ? On ne trouve nulle part mentionné ou précisé sa biographie, scientifique ou pédagogique. Faudra-t-il se tourner vers son éducation ?
Plusieurs sources concordantes citent Khenata Bint Bakkar quand il s’agit de l’éducation religieuse, politique et diplomatique du jeune Mohamed. Il s’agit de l’épouse de Moulay Ismaïl qui s’était illustrée, selon les sources, par son intelligence, son immense culture et son implication dans la politique de l’Empire à l’intérieur comme à l’extérieur.
Khenata ou Lalla Khenata ou Khouinta, comme ils plaisaient à ses proches de l’appeler, est originaire du Bled Chenguit, l’actuelle Mauritanie. Son père, influent notable des régions sahariennes, l’avait offerte au sultan Moulay Ismaïl lors de l’une de ces innombrables Harkas dans le Sud. Les sources parlent de sa beauté légendaire, mais privilégient surtout son intelligence et son immense savoir en matière de religion et de littérature. Le sultan la prit pour épouse et devint donc en peu temps future reine-mère. Son pouvoir ne se limita pas uniquement à la génération de progéniture royale, mais s’étendra vite à l’exercice du pouvoir.
Par Moulim El Aroussi
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