Jean-Charles Legrand est un héros. Ancien résistant et avocat de métier, il dénoncera, depuis le Maroc, la politique coloniale française et défendra des Marocains emprisonnés pour leur lutte contre le Protectorat.
Il a défendu au péril de sa vie une « certaine idée de la France », pourrait-on dire pour reprendre une formule en désuétude aujourd’hui. L’avocat Jean-Charles Legrand, à n’absolument pas confondre avec un autre avocat homonyme qui a été un collaborateur notoire de l’occupation allemande de la France durant la Seconde Guerre mondiale, a été un résistant, un officier de réserve de l’armée française avant de se retrouver dans le camp du nationalisme marocain durant le protectorat. Au nom de principes universels, au nom de la légitimité d’un peuple à exiger sa libération d’un joug étranger, ce Français a choisi le camp du droit et de la justice, défendant ardemment devant les tribunaux, civils et militaires, certains d’exception, des Marocains, syndicalistes, résistants et simples quidams, le plus souvent gratuitement, jusqu’à ce que le 14 juillet 1955, jour de la fête nationale française, des centaines d’Européens en colère contre ce « traître » investissent son appartement avec la ferme intention de le lyncher. Voyant que la police refusait d’intervenir, Jean-Charles Legrand sortit son pistolet et tira sur cette foule déchaînée.
La tournée des tribunaux
Avant d’en arriver là, il y a eu une histoire, un cheminement intime fait de convictions personnelles qui le menèrent à cette situation. Jean-Charles Legrand est né Jean Emmanuel Legrand le 23 décembre 1900 à Paris. Résistant durant la Seconde Guerre mondiale, il est officier de réserve quand en 1948, il décide de s’installer au Maroc où il s’inscrit au Barreau de Casablanca le 1er juillet. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance d’un militant de l’Istiqlal installé à Safi, appelé Mohamed ben Abdelmadjid Ben Kacem, dit « M’jid », le futur et pendant très longtemps président de la Fédération royale marocaine de tennis, Mohamed M’jid.
Par Adnan Sebti
La suite de l’article dans Zamane N°54
Ce fut un grand Avocat et un Humaniste sincere. Recemment une plaque a ete erigee a l’endroit ou se trouvait son Cabinet a Casablanca.