En 1932, le gouvernement de Madrid est victime d’un complot ourdi à Bab Taza au Maroc. Sauf qu’à ce jour, le mystère plane encore sur les fomenteurs de ce soulèvement contre la IIe république espagnole.
Bab Taza (à ne pas confondre avec la ville de Taza) est une petite bourgade montagneuse située dans la province de Chaouen. Il y a quelques années, avant la construction de la rocade méditerranéenne, il était impossible de l’éviter quand on voyageait par la route nationale qui va de Tétouan à Al Hoceima. Ses habitants se disent « engloutis en hiver » (par la neige et le froid, s’entend) et «brûlés en été» par la chaleur suffocante. En décembre 1932, deux ans après la proclamation de la IIe République espagnole (14 avril 1931) et six ans après la fin de la Guerre du Rif (1921-1927), une étrange affaire a secoué les ciments du nouveau régime de Madrid. Une rébellion armée, organisée par des Marocains avec le soutien supposé de l’Église espagnole, a failli éclater à partir de cette bourgade isolée et perdue dans l’infinité montagneuse du nord du Maroc. L’affaire commença le 19 décembre 1932. Ce jour-là, le caïd de la tribu des Beni Derkoul envoya un message urgent au capitaine José Heredia, «l’interventor» (équivalent du contrôleur de la zone française) de Bab Taza. L’officier espagnol était informé qu’il allait être assassiné le même jour et que sa mise à mort serait suivie par un soulèvement armé. À cette époque, les soulèvements armés de garnisons de province contre le pouvoir central n’étaient pas une exception. Tout le monde avait en tête celui de Jaca, dans le nord de l’Espagne, en 1930, et celui, plus proche, en août 1932, de Séville.
Par Adnan Sebti
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