Considéré aujourd’hui comme une monnaie à faible valeur, le dirham du Maroc a connu un passé plus glorieux. Retour sur une longue et belle histoire qui est aussi, quelque part, celle de l’islam et du Maroc.
Bien longtemps avant l’apparition du Dirham, les pouvoirs politiques du territoire marocain se servent de la frappe de monnaie pour affirmer leur autorité. Tel un miroir, la monnaie reflète l’état de puissance et d’indépendance d’une entité politique. C’est ainsi que tout au long de l’Histoire du Maroc, le dirham ainsi que les autres monnaies en circulation sont sujets aux fluctuations politiques et économiques. Le meilleur indicateur d’une valeur monétaire reste son pesage en or, en argent ou en cuivre. Si le dirham ne fait son apparition qu’avec l’avènement de l’Islam, le territoire marocain utilise la monnaie depuis des siècles. Ce sont probablement les carthaginois qui, pour la première fois, introduisent la monnaie au Maghreb Occidental. Nous sommes à la fin du Ve siècle lorsque ces derniers établissent des comptoirs sur les rives méditerranéennes et atlantiques de l’Afrique. En proie à une rivalité acharnée avec Athènes, les Phéniciens explorent les provinces Ouest de l’Afrique du Nord à la recherche de commerce, mais surtout d’or, d’argent et de cuivre. Car les Carthaginois utilisent l’échange monétaire pour commercer et surtout pour payer les nombreux mercenaires auxquels ils font appel lors des différents conflits. C’est donc par ce biais que les premières pièces phéniciennes font leur apparition sur le sol du Maroc antique. Plus tard, ce sont les romains qui imposent et régulent le système monétaire dans leur nouvelle province de Mauritanie Tingitane. Au cours du Ier siècle, à l’instar du reste de l’empire, le Maroc adopte l’Aureus d’or. Cependant, cette monnaie à forte valeur n’est pas prédominante dans nos contrées. Car au même moment, le roi Juba II (25 av J.C – 23 ap J.C) de Maurétanie frappe abondamment sa propre monnaie dans les ateliers prévus à cet effet dans la ville de Lixus, située à l’embouchure du fleuve Loukkos sur l’Atlantique. Cette production se distingue par deux émissions, celle de la monnaie dite « royale » souvent en or et représentant le portrait de Juba II, et celle anonyme en cuivre que l’on appel « denier », utilisée dans les petits commerces et les achats du quotidien.
Par Sami Lakmahri
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