À lui seul, le cheval barbe raconte la longue histoire du Maroc. Ses hauts et ses bas, sa grandeur et sa décadence, ses victoires et ses défaites, sont aussi celles du royaume millénaire.
La dénomination moderne de barbe ou barberi aurait été utilisée pour la première fois par Hassan El Ouazzan, plus connu sous le nom de Léon l’Africain, dans la première moitié du XVIème siècle. Puis elle fut reprise dans toute l’Europe, appliquée surtout aux étalons et juments importés d’Afrique pour améliorer les chevaux de selle, et en Angleterre pour produire des chevaux de course. À noter que le nom de barbe apparaît après que les Arabo-Berbères aient quitté la péninsule Ibérique. Avant cette date, on parlait de genets d’Espagne ou chevaux zénètes, pour désigner les chevaux élevés par les Arabo-Berbères sur le continent européen.
Entre les théories et les clichés
Avec la colonisation, les observateurs français vont se rapprocher de l’ensemble de la population équine d’Afrique du Nord. On se mit alors à parler de «barbe des montagnes, barbe des plaines et barbe du désert». À l’instar du cheval barbe, le sloughi (il s’agit d’une race de lévriers) a été classé en sloughis du désert, des montagnes, de la plaine… Osons une analogie avec le cheval arabe : si tous les chevaux, du Nil à l’Atlantique, sont des chevaux barbes, pourquoi tous les chevaux, de la Mésopotamie au Nil en passant par la péninsule Arabique et la Jordanie, la Palestine, le Liban, la Syrie, ne seraient-ils pas des pur-sang arabes ? Cette généralisation serait, bien sûr, inacceptable.
Par Yassine Jamali
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