Les Marocains sont longtemps restés en retrait par rapport aux aspects de la modernité occidentale, bien qu’ils aient été parmi les Arabes et les Africains les plus proches de l’Europe.
Ils avaient refusé le train, le télégraphe, l’architecture et le costume. Tous ces objets, ou ces aspects, étaient associés aux ruses des chrétiens. Les peintures des premiers orientalistes arrivés vers la moitié du XIXème siècle montraient les Marocains, riches et pauvres, enroulés dans des morceaux de tissus qui couvraient entièrement leur corps. Même les photographies des premières entrevues entre les notables marocains et les autorités coloniales au début de l’installation française montraient à quel point les Marocains étaient généreusement enveloppés de larges étoffes. Apparemment, la couture n’était pas largement répandue dans notre pays. Il s’agit bien entendu des hommes, car les femmes n’étaient pas peintes par les orientalistes, ni photographiées non plus : était-ce à cause de leur totale absence de l’espace public ou de la loi sociale qui interdisait à l’étranger de regarder la femme ?
On verra bien plus tard, avec la vulgarisation de la photographie, apparaitre des silhouettes de femmes dans les villes marocaines, algériennes ou tunisiennes, enveloppées dans des drapés (le haïk) souvent blancs couvrant la totalité du corps et ne laissant apparaître qu’un œil. Ceci dit, le fait de voir les corps (des hommes et des femmes) enveloppés de la sorte ne voulait pas dire que les Marocains n’avaient comme accoutrement que ces larges morceaux de tissu.
Par Moulim El Aroussi
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