Impossible de se pencher sur l’histoire du costume marocain sans s’arrêter sur celle du caftan, cette tenue unique en son genre, qui aura survécu à l’érosion du temps, arrivant sans cesse à se renouveler. Au point d’être un authentique phénomène de mode, hier comme aujourd’hui.
Réduire le vestimentaire musulman au hijab, abaya, voile et autre habit ample comme les seuls et uniques appartenant à la civilisation islamique, c’est aller vite en besogne. Pire, c’est prendre une fausse route car le savoir faire traditionnel du tissu dans l’islam ne peut se réduire à une caricature du vêtement voire même, osons les termes, à une sorte d’accoutrement que l’on prête bon gré mal gré à la religion de Muhammad. Le caftan marocain est là pour le contredire. Remontons maintenant les horloges du temps pour débusquer les origines d’une tunique pas comme les autres. Là encore, l’histoire ne manque pas d’ironie, et de tour de passe-passe comme elle chérit souvent à le faire. L’Empire perse. À l’arrivée de l’Islam et des Arabes, la dynastie des Sassanides s’effondre, et les conquérants venus de la Péninsule arabique islamisent les Iraniens. Mais une conquête ne se fait jamais dans une seule direction. Les conquérants arabes se laissent envahir par une culture perse millénaire ; ils empruntent nombre d’éléments culturels dans divers domaines de la vie sociétale. Au contact des Perses, entre autres, les bédouins venus d’Arabie (où le désert impose généralement un mode de vie austère et rude), les mœurs vont s’urbaniser, évoluer et se raffiner. Un raffinement manifeste qui sera vu par les orthodoxes comme un relâchement, voire un débauchage à l’égard des préceptes de l’Islam.
Par Fouad Ribah
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