Considérés comme les maîtres du monde durant plusieurs siècles, les Ottomans n’ont jamais vraiment pu asseoir leur domination sur le Maroc. Au fil du temps, ces ennemis du royaume sont même devenus ses alliés objectifs.
Au début du siècle dernier, la mémoire de toute relation entre le Maroc et les Ottomans a été presque complètement oblitérée. La raison : près d’un siècle d’interruption des relations traditionnelles entre le Maroc et l’Orient en général. Deux événements majeurs ont conduit à cette amnésie collective: l’expédition napoléonienne d’Egypte en 1798, puis la conquête de l’Algérie par la France à partir de 1830.
En effet, jusque-là et depuis le XVIème siècle, les relations entre le Maroc et l’Empire ottoman consistaient en des rapports de voisinage, tantôt tendus, voire belliqueux, tantôt resserrés, voire coopératifs. Néanmoins, malgré leurs trois siècles de profondeur, il s’est trouvé des chercheurs sérieux pour nier leur existence. C’est qu’à force d’être martelée par les écrits coloniaux avant et après l’établissement du Protectorat, cette assertion a fini par ne plus être contestée. Or, ne serait-ce que pour la caravane des pèlerins marocains qui devait transiter, chaque année, à l’aller comme au retour, par l’ensemble des territoires ottomans sud-méditerranéens, de tels rapports relevaient de la nécessité.
C’est au début du XVIème siècle qu’ont lieu les premiers contacts entre Marocains et Ottomans. Le Maroc est alors dans une mauvaise passe.
Par Abderrahmane El Moudden
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