Les Marrakchis continuent à implorer les faveurs de leurs saints patrons, les «sebaatou rijal», sans toujours connaître l’histoire de ce mythe très politique, sans doute créé de toutes pièces.
Le pèlerinage (ou ziara) des sept patrons de Marrakech est probablement, avec les chorfas, le rendez-vous le plus populaire du royaume. Plusieurs milliers de pèlerins affluent chaque année pour visiter leurs sépultures. L’ordre des visites est immuable et le rituel ancestral. Pourtant la ziara des sabaatou rijal («les sept hommes») n’a été instaurée qu’à la fin du XVIIe siècle. Montée de toutes pièces par le sultan Moulay Ismaïl (1672-1727), elle a une origine plus politique que religieuse. Comme souvent dans l’histoire du Maroc, la récupération du religieux est un enjeu majeur du champ politique. Les légendes sont bâties ou détruites au gré des intérêts. A son arrivée au pouvoir en tant que premier sultan alaouite, Moulay Ismaïl est loin de faire l’unanimité. Les nombreuses dissidences potentielles sont dangereuses pour le tout nouveau souverain. Celles qui prennent de l’ampleur à proximité de la capitale Marrakech, symbole du pouvoir chérifien, sont d’autant plus menaçantes.
Par Sami Lakmahri
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