Comment le Maroc a-t-il géré ses différentes ressources naturelles depuis l’indépendance? Quels sont les différents obstacles rencontrés par le pays dans la gestion de ses ressources? Zamane donne la parole à l’économiste Najib Aksebi, pour une évaluation globale de la situation.
Pouvez-vous, pour commencer, nous définir la notion de richesse?
Les concepts et les approches concernant la richesse sont différents. Jusqu’à très récemment, on ne jurait que par les richesses matérielles. Mais au cours des deux dernières décennies, nous avons commencé à évoquer les richesses immatérielles. Elles s’incarnent, entre autres, dans le capital institutionnel, sociétal, scientifique, intellectuel et culturel. Passer de l’usage du premier concept à un concept plus global est un changement en soi. Il s’ensuit que le concept de richesse évolue, mute, d’une époque à l’autre. Au Moyen Âge par exemple, l’état du savoir, la technologie et les structures économiques ne nous permettaient pas l’accès à l’exploitation des richesses disponibles. Dans le cas du Maroc, on peut mentionner l’exemple des phosphates, qui ont toujours existé. Mais il n’a été possible de les découvrir que (relativement) récemment. Il n’y avait auparavant aucune possibilité d’exploiter ou de transformer cette ressource importante.
Puisque vous évoquez les phosphates, depuis quand cette richesse naturelle, considérée comme la plus précieuse de notre pays, a-t-elle commencé à être exploitée?
Les phosphates ont été découverts au début du XXème siècle en raison de l’avènement du protectorat. Celui-ci avait les capacités techniques et organisationnelles de les extraire dans le but de les exploiter pour ses propres fins et intérêts. Nous savons que le statut des ressources naturelles est lié à un moment historique spécifique et au système existant à l’échelle mondiale. Au Maroc, l’objectif du colon était d’assurer la sécurité territoriale du pays afin de préparer la mise en valeur et l’exploitation de ce qui pouvait l’être. Le colonisateur était plus aguiché par les ressources minières, et c’est pourquoi l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) a été créé, très peu d’années après l’établissement du Protectorat. L’OCP devient donc un vecteur d’exploitation de richesses et de construction.
Propos recueillis par Younes Messoudi
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