Hassan al-Wazzan, plus connu par Léon l’Africain, est certainement le «sujet» le pluscélèbre qui ait vécu sus la dynastie wattasside. Ce Marocain pas comme les autres est plus connu que les souverains wattassides eux-mêmes. Retour sur le parcours de cet homme qui incarne, à son corps défendant, l’ouverture qui a malgré tout marqué le règne des Banou Wattass.
On ne connaît de lui ni sa date de naissance exacte, ni même celle de sa mort. étrange paradoxe pour quelqu’un dont le nom résonne toujours dans tout le bassin méditerranéen, plus de quatre siècles après son ère. Sur la rive sud, il s’appelle Hassan Ben Mohamed al-Wazzan, tantôt al-Gharnati, tantôt al-Fassi. Au nord, il est connu comme Johannes Leo Africanus en latin, soit Léon l’Africain. Pour les premiers, il est un géographe de renommée, dans la droite lignée des spécialistes andalous que furent avant lui Ahmed al-Ghazi (Xème siècle) ou Abou Oubayd al-Bakri (XIème). Pour les seconds, il est le symbole du triomphe occidental dans sa lutte contre l’Orient. Celui qui porte le nom du pape lui-même, qui l’a d’ailleurs baptisé de ses propres mains, est loué par les catholiques pour sa conversion, mais aussi pour la précision des territoires qu’il décrit, et qui sont en même temps tant convoités par ses nouveaux protecteurs. En Occident toujours, Léon l’Africain est l’initiateur, malgré lui, du courant orientaliste qui va, des siècles durant, fantasmer la terre d’Islam jusqu’à la caricature.
L’héritage qui est fait de ce personnage hors du commun est donc essentiellement politique, au mieux scientifique, grâce à ses œuvres. Mais de l’homme, ne reste que peu de choses hormis un carnet de voyage marqueur de ses points de passage. C’est ainsi que l’on sait que Léon l’Africain a fait escale dans les plus grands ports de la Méditerranée, sillonné le fin fond du Sahel, parcouru les déserts d’Arabie et visité Constantinople, probablement la plus importante cité de l’époque.
Par Younes Mesoudi
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