Comment traiter la question des sépultures royales ? Pourquoi les nécropoles des sultans marocains ne sont-elles pas toutes préservées comme ailleurs dans le monde ? L’ambivalence des lectures religieuses et les luttes de mémoire entre les dynasties sont des éléments de réponse…
L’affaire fait grand bruit depuis de nombreuses années. En Arabie Saoudite, le régime des Al Saoud n’a jamais caché son envie de faire disparaitre la tombe du prophète Mohammed. L’intention n’est pas de détruire la sépulture du prophète de l’Islam mais plutôt de la rendre anonyme, simple tombe parmi d’autres, dans un cimetière ordinaire. Comme attendu, la position de l’Arabie Saoudite a créé une vague d’indignations dans le monde musulman. Un clivage qui rend compte aussi de la singularité de l’idéologie wahhabite concernant la sanctification des hommes. Car oui, pour eux, le prophète n’est finalement qu’un mortel presque comme les autres. À ce titre, sa dépouille ne devrait pas gésir dans un mausolée pharaonique. Les Saoudiens ne souhaitent pas que la tombe du Prophète soit un espace d’adoration. En 2007, le ministère saoudien des Affaires islamiques a publié un rapport rédigé par Abdul Aziz Ibn Abdillah Ali Ash-Shaykh, mufti politique du pays. Il y est explicitement prescrit que «le dôme vert doit être démoli et les trois tombes doivent être aplanies dans la mosquée du prophète». Les deux autres tombes de la Sainte Mosquée de Médine sont celles des deux compagnons les plus influents du Prophète, Abou Bakr As-Siddiq et Omar Ibn Al Khattab. Comment un débat sur la destruction de telles tombes peut-il exister ? Est-il seulement dû à l’idéologie wahhabite ou concerne t-il l’ensemble du monde musulman ?
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°110 (Janvier 2020)