Etoile montante dans le Paris des sixties, Vigon est passé à un cheveu de la starification suprême. Cela ne l’a pas empêché de vivre de son art, la chanson, qu’il exerce depuis plus de cinquante ans, avec parfois des bas mais aussi beaucoup de hauts. Retour sur un parcours extraordinaire.
Vigon est tout ce qu’on aime. La voix soul, les lunettes Ray Charles, la banane rock, le rythme épileptique, l’âme blues, la nonchalance jazzy, la peau Brown. Mais que sait-on réellement de lui et de sa vie? En 2012, personne ne l’attend sur la scène de «The Voice» France, grosse machinerie télévisée, avec sa reprise léchée mais tout en détente de «I Feel good», tube phare de James Brown. Vigon semble tout droit sorti des années 1960/1970. Ceux qui étaient adolescents, en France et au Maroc, le reconnaissent sûrement, les autres non. Excepté un membre du jury, le seul à se retourner pour Vigon d’ailleurs (les autres n’ont pas osé relever le challenge), Louis Bertignac, cofondateur du groupe Téléphone, qui avoue, des étoiles dans les yeux: « J’ai entendu ce nom Vigon, moi, il y a longtemps. C’est Jacques Higelin qui m’avait parlé d’un certain Vigon. La première fois qu’il a été au Maroc, il y a trente ans, tout le monde lui a demandé s’il connaissait Vigon ». Oui, au cours des sixties, Vigon était une légende, une bête de scène. Le controversé Jean-Luc Lahaye, chanteur has been de variété qu’on adore détester, a par exemple fait neuf mois de prison après avoir volé une voiture juste pour assister à un concert de Vigon, en 1969. À l’époque, Vigon –surnom qui lui colle à la peau depuis qu’il a dit « vigon » au lieu de « wagon» à l’école primaire (comme quoi il en faut de peu)- est encore une sommité du Paris branchouille et résolument rock.
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