Le Maroc antique était la terre par excellence des bêtes sauvages dont les plus beaux spécimens étaient envoyés à Rome pour mourir dans les spectacles grandioses des amphithéâtres.
Durant l’Antiquité, la faune des steppes africaines prospérait en liberté sur de grands espaces demeurés vierges. La désertification et la chasse n’avaient pas encore décimé les grands herbivores ni leurs prédateurs naturels que sont les grands fauves. Aussi, le géographe grec Strabon présente-t-il le Maroc antique comme «un pays plantureux où abondent naturellement, les serpents, les éléphants, les gazelles, les bubales, les lions, les léopards et autres animaux semblables» (Strabon, Géographie, XVII, 3, 4). Des gravures paléolithiques, des fouilles archéologiques et des mosaïques permettent de compléter cet inventaire. Girafe, buffle, gnou, hippopotame, crocodile, rhinocéros, lynx, chat-tigre, chacal, panthère, hyène, sanglier, phacochère, ours, cerf, ainsi que l’oryx, des béliers, des chèvres et ânes sauvages peuplaient en abondance l’ancienne Maurétanie. Les « bestiae africanae » pullulaient tant au sud du Maroc que les précieuses fourrures des fauves tapissaient les campements des Gétules qui en consommaient la chair ; et que dire de ce roi évoqué dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien qui avait tant de précieuses défenses d’éléphant qu’il en faisait des «poteaux dans les maisons ou des clôtures pour ses parcs à bestiaux» (Histoire naturelle, VIII, 10).
Par Jean-Luc Pierre
La suite de l’article dans Zamane N°54