Avec les chrétiens de l’intérieur, qu’ils soient moines ou prisonniers de guerre, le sultan alaouite a exercé ce qu’on appellerait aujourd’hui une politique complexe et, au final, assez subtile. Voire étonnante.
Est-ce la manifestation d’un tempérament plus porté sur le profane que le religieux ? Est-ce l’homme d’état qui prend l’ascendant sur le statut de commandeur des croyants ? De fait, Moulay Ismaïl est le premier souverain à accorder sa protection officielle aux Franciscains espagnols établis au Maroc, sans que cela ne soit dû à un rapport de force qui serait favorable au royaume ibérique. Il leur accorde des privilèges comme le non-paiement des droits de douane, et des instructions générales pour bien traiter les frères franciscains, et leur offrir un toit quand ils doivent passer la nuit loin de leurs demeures.L’attitude du sultan est d’autant plus intéressante que la présence de ces moines au Maroc commence par une tragédie qui frappe durement l’ordre catholique. Cela se passe en 1220 sous le règne des Almohades. Saint François d’Assise, le fondateur de l’ordre, avait béni certains de ses frères avant leur départ pour le Maroc en 1219. Ils passent par le Portugal et l’Espagne avant de se diriger vers Marrakech, après avoir visité quelques villes du Nord du Maroc. Cinq d’entre eux meurent en martyrs au tout début de l’an 1220 à Marrakech. D’autres rencontreront le même sort les années suivantes.
Par Younes Mesoudi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°161