À partir du Moyen-âge, les chrétiens sont identifiés comme la principale menace pour les pouvoirs musulmans. Guerres, captifs, renégats et conversions sont monnaie courante. Les incessantes interactions entre les deux religions soulèvent forcément la question du christianisme en terre marocaine.
À l’avènement de l’islam en Afrique du Nord puis dans Al-Andalus au VIIIème siècle, l’ennemi commun est de plus en plus clairement désigné. Les armées chrétiennes au nord de la péninsule ibérique représentent la plus grande menace à l’ordre nouvellement établi. Au Maroc, pourtant, l’inconstance et la fragilité des pouvoirs successifs ne permettent pas l’apparition de la question chrétienne sur le territoire. Hormis quelques tribus qui pratiquent de mystérieux syncrétismes mêlant anciennes croyances animistes et symboles chrétiens, la religion du Christ n’a aucun poids politique sur le territoire marocain.
Il faut attendre le milieu du XIème siècle et l’avènement des Almoravides pour qu’émerge l’affrontement avec les « nasara». Cette dynastie, issue des confins du Sahara, est parvenue à conquérir Sijilmassa, puis Fès en 1075. Elle est la première à unifier un vaste empire sous la bannière de l’islam. Une puissance régionale devenue incontournable et dont le rôle est attendu sur les terres de la tumultueuse Al-Andalus. Car, en même temps, les Castillans sont à l’offensive et sont parvenus à prendre la ville de Tolède des mains des musulmans en 1085. Pour ces derniers, l’unité n’est déjà plus qu’un vœu pieu.
Par Sami Lakmahri
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