Au lendemain de la Seconde Guerre, le Protectorat installe une véritable machine de guerre pour étouffer les velléités indépendantistes des nationalistes. Ses desseins ? Instituer la co-souveraineté pour diriger le Maroc et ses hommes. Un nouvel avatar de l’apartheid qui aboutira à la déposition du sultan.
Dans son ouvrage Révolution au Maroc, Robert Montagne analyse deux phénomènes qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, allaient ébrécher l’édifice du Protectorat : le prolétariat urbain, et ce qu’il appelle « le problème de la jeunesse », c’est-à-dire l’émergence d’une élite moderne. Pour faire face à cette nouvelle donne, l’ordre du Protectorat avait réagi par la manière forte : il a mis en place une machine de guerre autour de la Résidence générale avec son état-major à Rabat, ses tentacules, ses officiers des Affaires indigènes (pour les régions militaires), ses contrôleurs civils (régions civiles), et ses suppôts avec les caïds et les cheikhs de zaouïas. La Résidence allait également avoir le soutien des colons, des pieds-noirs et de la presse. Le programme des réformes du résident général Eirik Labonne, diplomate de carrière, a eu la vie courte. Finalement, c’est le discours du sultan Sidi Mohammed Ben Youssef à Tanger en avril 1947 qui donne le ton. La France, bien décidée, fait appel à un militaire de carrière, natif de Constantine et qui parle l’arabe : le général Juin.
Par Hassan Aourid
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 57-58