Paru en début d’année, La «Tricontinentale» de Roger Faligot revient sur l’étonnante épopée de leaders du Sud qui voulaient changer le monde, dont le Che, Ben Bella, Allende, Hô Chi Minh et un certain Ben Barka. Une fresque à la rigueur historique, racontant les détails d’une époque dont les échos résonnent encore aujourd’hui.
Non, ce n’était pas une histoire sans queue ni tête, racontée par des fous, comme aurait pu dire Shakespeare, mais plutôt une histoire qui a une tête, ou plusieurs têtes, une queue, ou plusieurs queues, faite par des hommes d’action, ceux-là mêmes qui voulaient renverser l’ordre néocolonial et impérialiste, au lendemain des indépendances et des guerres de libération. C’est dans ce labyrinthe que nous mène le reporter Roger Falligot, dans des écheveaux imbriqués, des portraits chatoyants, des événements connus pour la plupart, avec des zones d’ombres, dans un ouvrage bien documenté : «Tricontinentale».
La Tricontinentale était la partie rebelle de la politique des mondes, disait Douglas Bravo, ex-chef des Forces armées de libération du Venezuela. Une saga de refuzniks bravant l’impérialisme américain. L’Amérique ne se laisse pas faire et sévit, renseignements, directs ou avec suppôts, coups de main. Au rendez-vous de la Tricontinentale, prévu en janvier 1966 à La Havane, les grands concepteurs étaient absents, morts pour la plupart dans des conditions louches, ou débarqués : Che Guevara, Mehdi Ben Barka, Amilcar Cabral, Ben Bella, et puis le coup d’État à Jakarta, dans un bain de sang qui a fait plus de 100 000 morts. L’Indonésie a valeur de symbole, car c’est le pays qui a abrité la première conférence Afrique Asie, en 1955, Bandoeng qui va jeter les bases de la solidarité afro-asiatique, élargie depuis à l’Amérique latine, avec une plateforme et un cadre conceptuel.
Par Hassan Aourid
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