D’abord (et longtemps) victimes, les juifs marocains en Israël ont fini par devenir, progressivement, des «faiseurs de rois». Droitisés par opposition à leurs adversaires coreligionnaires, comment en sont-ils arrivés à incarner un frein à toute cohabitation équitable avec les Palestiniens, là où ils auraient pu et dû être tout le contraire ?
Les juifs marocains, après avoir quitté le Maroc passant par le camp de transit à Marseille, arrivent en Israël, découvrent alors qu’il y a eu un double et grave malentendu. Le premier relatif aux conditions humiliantes de la ségrégation qu’ils subissent en Israël. Le second sur la nature de la nation sioniste. Convaincus qu’ils arrivaient dans «leur» pays, ils s’attendaient naturellement à être accueillis en conséquence. Ils n’avaient jamais imaginé être reçus comme des galeux, au sens propre du terme. À leur descente du bateau, hommes, femmes et enfants sont saupoudrés par du DDT. Des gens sans culture, des sous-développés, des «noirs», c’est ainsi qu’ils étaient nommés par les Ashkénazes. Choqués, ils iront alors de déconvenue en déception, jusqu’à refuser de monter dans les bus pour leur destination qu’ils récusaient : camps de transit, villes de développement.
Par Raymond Benhaim
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