Danseur de renommée internationale, mais aussi cinéaste de talent, peintre et sculpteur, Lahcen Zinoun ouvre sa boite noire et se raconte comme jamais, dans un livre émouvant où il dit tout, absolument tout : de ses rendez-vous manqués avec son père, à la mort tragique de son fils, en passant par sa rencontre mouvementée avec Hassan II… Morceaux choisis.
«Nous étions à trois mois des examens du Conservatoire lorsque se déroula une scène qui me marqua à tout jamais. Mon père avait appris, par l’un des oncles, que je faisais de la danse, ou plus exactement que je fréquentais «un bordel rempli de danseuses, un lieu de débauche, un nid de vulgarité». Sa réaction fut immédiate. Un jour que je montais les escaliers de la maison, insouciant et tout à mes pensées, je reçus sur la tête un carton contenant mes quelques effets personnels. Le choix qui m’était offert était simple: si je ne renonçais pas à la danse,je devrais quitter la maison paternelle. Pour moi, la décision était évidente et j’en étais fier, même si je ne savais ni où aller ni comment subvenir à mes besoins. Et tant pis, me dis-je, si mon père ne comprend pas que la plus haute fonction de la danse est d’aider l’homme à s’exprimer, à former une conception très noble de lui-même. Mais devais-je lui en vouloir ? Avec l’âge, j’ai pu saisir à quel point la danse a été longtemps considérée au Maroc comme une déviance.
Dans mon pays, la danse est tout à la fois aimée et rejetée. Ainsi, la danse orientale permet aux femmes de s’épanouir, de jouer avec leur corps pour provoquer, choquer l’homme si violemment parfois que cela me semble être très proche d’un véritable sentiment de vengeance. Le corps est souvent considéré uniquement dans sa dimension libidinale et sexuelle et non comme un moyen d’expression artistique et esthétique».
Par Lahcen Zinoun – Editing Zamane
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