Malgré les critiques que l’on peut formuler à l’adresse des orientalistes, on ne peut nier leur apport à la peinture marocaine moderne.
Si l’on doit situer le début de la pratique picturale telle que l’Europe l’a connue depuis la Renaissance en Italie, on est obligé de rendre hommage à cette catégorie d’artistes. Nous devons par ailleurs considérer le moment où le Maroc est devenu un sujet pour la peinture, comme la date de naissance de cet art sur cette terre. L’afflux des orientalistes et l’apparition soudaine de l’homme européen avec son costume, son chevalet, ses pinceaux et son attirail peuvent être considérés comme un événement artistique de premier ordre. Ceci peut être considéré comme le premier geste artistique en soi : le choc visuel du Marocain face à ce spectacle insolite, jamais vu sur la place publique du pays. Contrairement aux détracteurs de ce mouvement, il serait utile de remettre en cause nos points de vue idéologiques, d’analyser le phénomène, d’en tirer ce qui est intéressant pour notre histoire et de critiquer les positions négatives voire agressives de ces artistes à l’égard de la culture marocaine et peut-être même arabe. Il est certain que la production artistique ou littéraire étrangère au Maroc est souvent difficilement acceptée comme locale. Mais la question qui y est intimement liée est la suivante : comment doit-on appeler ou considérer ces tableaux qui ont été réalisés sur le sol marocain, sous ce ciel et grâce à l’éclat de sa lumière ? Est-ce qu’un artiste comme Eugène Delacroix aurait pu réaliser les œuvres qui ont constitué une révolution dans le monde de l’art, s’il ne s’était pas déplacé au Maroc ? Et même dans le cas où il aurait pu, la réalité est que la transformation de cet artiste s’est produite au Maroc et nulle part ailleurs.
Par Moulim El Aroussi
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