Militant actif des droits de l’homme, écrivain et poète à la plume inspirée et reconnue, Salah El Ouadie a tout connu, et d’abord l’expérience de la prison et de la douleur… Pour Zamane, il revient sur les étapes marquantes de son parcours si riche, et sur le destin de sa famille connue et respectée de tous. Un entretien – Où rien n’est éludé.
Vous êtes le produit de deux grandes figures marocaines. Votre père, Mohamed El Ouadie El Assafi (1923-2004), est un grand poète, résistant et militant de gauche, et votre mère, Touria Sekkat (1935-1992), est également une poétesse et une célèbre icône de la gauche marocaine. N’est-ce pas lourd à porter ?
C’est avant tout un honneur et une fierté. On ne choisit pas ses parents, n’est-ce pas ! Mais il est clair que naître dans une famille de militants et de poètes forge quelque peu votre destin. Après, chacun se prend en main et trace son propre chemin dans la vie.
Parlez-nous de vos parents, de leur rencontre…
C’est une histoire d’amour entre un Safiot et une Fassie. Mon père est né Mohamed Cherki Al Assafi. Mon grand-père s’appelait Larbi Cherki Assafi parce que notre arrière-grand-père était originaire de Bejaâd (Sidi Bouabid Cherki). Ensuite, et pour les registres de l’état civil, mon père a choisi le patronyme El Ouadie, ce qui témoigne de sa fibre poétique quasi innée… À Safi, notre grand-père, qui était l’amine des bouchers, avait l’habitude de recevoir de grandes personnalités de passage dans la ville. Le «alem» Mokhtar Soussi en faisait partie. Et c’est lui qui a insisté pour emmener mon père à la Medersa Ben Youssef à Marrakech, après ses premières années scolaires à Safi. Il avait alors 13 ans. Ensuite, il a rejoint la Quaraouiyine à Fès, au début des années 1940. Il est devenu enseignant et a rejoint l’école de la Nahda à Meknès, notamment en compagnie de Boubker Kadiri, grand militant nationaliste. C’est donc à Meknès que la rencontre avec ma mère, très jeune à l’époque, a eu lieu par l’entremise de son frère, Abderrahim Sekkat (1933-1985, grand compositeur, qui a notamment mis en musique le célèbre «Qitar al-Hayat» de Abdelhadi Belkhayat, ndlr). Abderrahim était l’élève de mon père, et c’est de cette façon que mon père a pu se rapprocher de la famille de ma mère, qui était elle-même élève dans la même école. En 1948, le mariage a été conclu et mes parents se sont installés à Salé. En 1949, ma sœur aînée Assia (1949 – 2012, grande militante des droits de l’homme, connue pour son combat dans l’humanisation des prisons marocaines) a vu le jour à Safi, suivie de ma sœur Asma.
Propos recueillis par Karim Boukhari
Lire la suite de l’article dans Zamane N°162