L’écriture de l’histoire a pris l’habitude d’interroger les origines. Mais la peinture dans le monde musulman, nous dit-on, n’a jamais existé ; du moins la peinture figurative, celle qui représente les éléments de la nature tels que les regards les captent. Cette idée est le fruit d’un constat européen.
Les Européens, en arrivant dans le Monde Arabe et Musulman, sont allés chercher les images dans les lieux où ils avaient l’habitude de les voir ; les lieux de culte comme les églises. N’ayant rien trouvé, ils ont décrété l’absence totale d’image dans ces civilisations. Certes, il n’y avait pas d’images dans les mosquées ou les mausolées des saints, mais cela ne voulait pas dire qu’il y avait absence totale de l’image.
Beaucoup de critiques ou d’historiens de l’art avaient déjà essayé de réfuter cette thèse, mais sans oser contredire l’idée de l’interdiction fabriquée par l’ignorance des orientalistes. En fait, il suffit de relire l’histoire de l’art dans toutes ses dimensions et non pas sous l’angle de la modernité, pour se rendre compte de la richesse artistique de notre pays. Ceci ne peut se faire sans une définition plus ou moins juste de l’art lui-même. Or, l’art dont on parle ici tire son nom de la matière dans laquelle il est réalisé ; la peinture. Sans retenir uniquement la définition moderne, l’art visuel serait toute intervention de l’être humain sur des supports durs ou souples (bois, métal, marbre, pierre…ou papier, toile…), pour y laisser une trace à l’aide d’une matière solide ou liquide telle que la peinture, le charbon ou autre. Travail réalisé à l’aide de pinceaux (étalage de liquide) ou gravé sur des surfaces dures à l’aide d’outils pointus et solides. Toute intervention dans le but du sacré ou d’information ou pour un propre plaisir serait appelée art. Pour le Maroc, on pourrait dater les origines de l’art à partir des gravures rupestres, en passant par les masques religieux, les tapis sacrés, les décorations des corps par le tatouage ou le henné, de l’art de la miniature, des figurines populaires, des dessins de livres scolaires, à la photographie de famille pour arriver à la peinture moderne.
Par Ahmed El Hassani
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