Au XIXème siècle, au moment où l’influence occidentale pénètre au Maroc, la franc-maçonnerie européenne l’accompagne doucement mais sûrement. Après l’instauration du Protectorat, les membres de cette société secrète sont présents à travers tout le royaume et comptent bien imposer leur vision : anticléricale, assimilationniste et républicaine. Les «frères» useront de tous leurs pouvoirs, quitte à s’écharper avec la Résidence générale et à éloigner les nationalistes marocains.
Le colonialisme arrive rarement seul. Il est souvent accompagné, voire précédé, d’une sorte d’écosystème à la fois intellectuel, social et économique. « C’est pourquoi, à côté de l’intérêt national, souvent source de conflits, l’initiative privée, tant naïve et utopique que lucrative et organisée, connaît un vif essor. Les sociétés savantes, les groupes économiques, les missions d’exploration et les congrégations religieuses développent chacun des secteurs d’activités généralement complémentaires les uns des autres et bénéficient de la reconnaissance des pouvoirs publics dont ils affirment être les auxiliaires éclairés », écrit l’auteur Eric Anduze, dans son ouvrage La franc-maçonnerie au Moyen-Orient et au Maghreb, Fin XIXe – début XXe siècle, paru en 2005. Parmi les initiatives les plus discrètes mais aussi les plus controversées: la franc-maçonnerie, une société secrète censée œuvrer au progrès de l’humanité, dont les ramifications atteignent le Maghreb et le Machreq à partir du XIXe siècle, et où bourgeonnent dès lors bon nombre de loges maçonniques.
Par Nina Kozlowski
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