Icône absolue de l’islam radical, en Egypte mais aussi au Maroc et dans d’autres pays arabes, l’Egyptien aura eu une influence majeure sur les jeunesses musulmanes, même 50 ans après sa mort.
Si nos islamistes tiennent de nos jours à prendre leurs distances par rapport à la confrérie des Frères musulmans, ils ne peuvent ni ignorer son influence en termes de modèle et production de normes, ni surtout l’impact qu’avait sur eux le concepteur et l’idéologue de ce qu’est l’islam radical, Sayyid Qutb. Même l’éclairé Allal El Fassi avait de l’admiration pour lui et voulait intercéder pour que Nasser le gracie. Peine perdue. Arrivé à Beyrouth le 29 août 1966, il apprend sa pendaison et rebrousse chemin. C’est désormais le statut de martyr qui donnera à la grande figure de l’islamisme radical une seconde vie. Abdelkrim Moutii, le fondateur de la Chabiba Islamiya, le prendra comme exemple et fera potasser à ses recrues «Maâlim Fi Tarik» (Jalons sur la voie), la vulgate de l’islam radical que les novices apprenaient par cœur, comme dans les medersas. Le jeune Abdelilah Benkirane, à sa lecture, avait, selon ses dires, l’air d’un new born. Abdeslam Yassine le cite dans la lettre qu’il envoie à Hassan II, en 1974, et ultérieurement reprend un certain nombre de ses idées jugées rugueuses qu’il rabote. Comme l’idée de la société jahiliya, notion clé chez Qutb, que Yassine nuance par celle de maftouna, société dévoyée, ou l’avant-garde pieuse chez Qutb (attali’a al mu’mina), que Yassine rend par jundu allah (l’armée de Dieu).
Par Hassan Aourid
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