Mohammed VI avait hérité d’un pays plus ou moins calme, avec une situation politique des plus stables, mais d’autres éléments n’étaient pas en sa faveur.
Il y a vingt-cinq ans, Mohammed VI accédait au trône du Royaume du Maroc. J’étais à Paris, suffisamment loin pour évaluer la situation à travers les informations que je recevais. Il y avait de la suspicion, de l’euphorie et des évaluations mesurées. Certes, il y avait beaucoup d’attentes et d’espoirs, mais aussi beaucoup de méfiance. Ceux qui doutaient s’appuyaient sur l’histoire, et dès qu’ils voyaient un geste que la communication royale qualifiait de «signe fort de la nouvelle ère», ils le comparaient à l’avènement du règne de Hassan II, trente-huit ans auparavant, et concluaient que la monarchie n’avait pas changé et n’était pas prête à changer. Ils revenaient à l’histoire pour tirer des enseignements. Certes, l’histoire peut être d’un grand secours dans des situations similaires. Mais le nouveau règne avait pris son envol dès le premier jour et semblait avoir tout prévu et organisé.
Mohammed VI avait hérité d’un pays plus ou moins calme, avec une situation politique des plus stables de l’histoire post-indépendance, mais d’autres éléments n’étaient pas en sa faveur. Pendant le règne de Hassan II, une fracture s’était opérée dans le tissu social, séparant certaines élites du trône. Cette fracture et cette faille s’étaient transformées en postures politiques, intellectuelles et sociétales. Les élites politiques qui entouraient le monarque disparu étaient vieillies et usées par le temps. Le monarque lui-même avait une vision assez traditionaliste de la vie, ce qui n’était pas du goût de nombreuses élites tournées vers l’avenir, essayant de se mettre au niveau de la vie universelle.
Par Moulim El Aroussi
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