En 1985, un évènement tout aussi étrange qu’inattendu secoue la presse marocaine. Driss Basri, l’homme fort du régime, prend le contrôle du ministère de l’Information. Il y restera dix ans. Comment et Pourquoi ?
Un remaniement ministériel est souvent pressenti. Lorsque Driss Basri hérite du portefeuille de l’Information en cette fin décembre 1985, personne ne voyait venir ce coup de théâtre. Pourtant, le redouté ministre de l’Intérieur ne découvre pas le monde enchanté de la télévision publique. Il y est même déjà bien rôdé. En tant que spécialiste de la propagande, Driss Basri surveille étroitement, depuis plusieurs années, le traitement des fameuses « activités royales » au sein de la TVM. L’homme laisse paraître son intérêt pour l’appareil audiovisuel qu’il considère comme un outil politique indispensable. D’autant plus que cet instrument n’est dédié qu’à une seule cause : servir les intérêts du régime. N’est-ce pas Hassan II qui a lui-même déclaré à la naissance de la TVM en 1962 «La télévision, c’est moi !» ? Dans ces circonstances, il était évident qu’avant cette date de décembre 1985, Driss Basri maîtrise déjà les subtilités de la presse en général et de la télévision publique en particulier. Durant cette période, où la pression augmente autour du régime, Hassan II réfléchit à un moyen de pouvoir l’évacuer. Le meilleur gage de bonne volonté qu’il puisse offrir à ses détracteurs, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays, reste celui de la modernisation de la presse nationale dans son ensemble. Le chantier de la RTM est prioritaire. Paradoxalement, c’est un excès de liberté qui va pousser le monarque à tenter la révolution de «sa» télévision.
Par Sami Lakmahri
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