On oublie souvent que le combat nationaliste s’est aussi conjugué au féminin. Très tôt engagée dans la lutte, Malika El Fassi s’est battue pour imposer la cause des femmes au cœur des revendications pour l’indépendance du pays.
Malika El Fassi est un symbole du nationalisme au féminin. Non pas qu’elle soit la première femme à s’être engagée dans la lutte politique pour l’indépendance du pays, d’autres l’ayant fait avant elle. Mais c’est la première dont le nom figure parmi les signatures d’un document important. Il s’agit de l’un des manifestes pour l’indépendance, celui présenté par le Parti de l’Istiqlal (PI) le 11 janvier 1944. Le symbolisme est encore plus fort quand on sait qu’elle est la seule femme aux côtés d’une soixantaine d’hommes à avoir signé ce document qui annonce une rupture dans l’action nationaliste. On est alors en pleine Seconde Guerre mondiale, et les nationalistes cessent de revendiquer la réforme du système du protectorat pour réclamer l’indépendance du pays. Une audace qui suscite la colère, y compris du général de Gaulle, à l’époque chef de la France libre. Même le parti concurrent du PI, le PDI de Hassan Ouazzani, connu pour ses tendances libérales, ne peut pas se targuer d’avoir dans ses rangs une femme de la trempe de Malika El Fassi. Son manifeste pour l’indépendance, présenté le 13 janvier 1944, est uniquement signé par des hommes.
Signé Fatat
Qui est donc cette femme symbole ? Malika El Fassi naît à Fès en juin 1919 au sein d’une famille de alims. Sa scolarité démarre d’abord dans un m’sid réservé aux filles : Dar Lafqiha. Elle y passe deux ans, de 1928 à 1930. Puis son père, El Mehdi El Fassi, lui concocte un programme complet de formation à domicile. D’éminents professeurs se succèdent pour approfondir sa formation. Parmi eux, le légendaire Fqih Qorry, Mohamed Bencheikh Latmani, ou encore Abderrahman Missoume, qui lui enseigne les bases de la langue française.
Par Mostafa Bouaziz
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