Lorsqu’on passe en revue les exigences du contexte actuel, on est proprement sidérés. Autant les performances sont multiples, autant les moyens pour les réaliser sont d’envergure difficiles à atteindre. C’est précisément la teneur et l’objectif du discours de la Fête du trône du roi Mohammed VI. Le virus pandémique, Coronavirus ou Covid 19, du pareil au même, permet de mettre à nu les insuffisances criardes dans toutes les activités humaines. La santé publique est en manque visible en terme de moyens et d’équipements matériels. Avec une moyenne d’un millier de morts par jour aux États Unis, à titre d’exemple, même si comparaison n’est pas raison, à l’évidence, le Maroc n’est pas en mesure d’endiguer le phénomène. Il n’empêche.
Lors d’une ultime rencontre avec la presse, alors qu’il allait rendre les clés de la Primature, Driss Jettou (ancien Premier ministre, 2002-2007) a attiré l’attention sur deux problèmes majeurs en ébullition, l’état des hôpitaux et le système des retraites au Maroc. Il estimait que les centres hospitaliers les plus en vue devaient subir un réaménagement total. Mais cela avait un coût que ne pouvait supporter les finances publiques. Du coup, la situation de ces institutions de grande attente populaire n’a pas stagné, elle s’est détériorée.
L’autre problème présent dans tous les discours politiques, dans toutes les analyses, concernant le pivot de la vie en société, n’est rien d’autre que le chômage ; particulièrement celui des jeunes en quête d’emplois. Les opportunités d’emplois sont rares. Paradoxalement, on compte sur les fermetures et les soi-disants restructurations pour piquer le travail du voisin. Les petites et moyennes entreprises comptent beaucoup sur les mesures annoncées par Mohammed VI. Les enclavements des petites villes ou autres douars à flancs de montagne, ne sont pas toujours rattachés aux réseaux d’eau courante et d’électricité, signes annonciateurs d’une fausse modernité urbaine. Demander la généralisation de la couverture sociale relève du miracle ; pour le moins d’un luxe jusqu’ici impossible à atteindre. Un nouveau plan de développement est en marche. Le roi a abordé tous ces thèmes dans leur singularité relative et leur complémentarité parfois néfaste. Le plan de développement proposé au commun des citoyens consiste à faire fonctionner ces ensembles dans une interactivité viable. Un pari propre aux leaders politiques d’envergure. Pour ce faire, le roi annonce que 120 milliards de DH seront injectés dans l’économie nationale. Ce qui représente 11% du PIB. «Ce taux inscrit le Maroc parmi les pays les plus audacieux en matière de politique de relance économique post-crise», indique le Chef de l’Etat.
Le Maroc indépendant n’avait pas fini pour autant avec une autre exigence majeure. L’enseignement. Il se devait d’assurer la scolarité d’une population jeune avide de savoir et de
savoir-vivre. L’école publique dans ses fondements nationaux était en marche. L’espace de communication ne sera plus prédominant. Il ne sera plus nécessaire d’être en classe pour apprendre. On pourra recevoir, apprendre et échanger sans autre forme de présence physique. Cette révolution technologique au niveau de la transmission du savoir est en train d’atteindre le Maroc par le biais de l’enseignement. Cela s’appelle l’enseignement à distance. Les élèves des petites classes ainsi que leurs parents sont-ils suffisamment préparés pour cette nouvelle méthode «d’être à l’école sans vraiment y être». La fameuse feuille d’absence qui inaugurait chaque matin la journée scolaire n’aura plus raison d’être. Les élèves du douar, pas plus que ceux des entrailles urbaines, possèdent-ils des smartphones et adhérent-ils tous à internet qui sera gratuit et exclusivement dédiée à l’enseignement? Il est certain que la rentrée scolaire de cette année n’aura plus la même aura que les années précédentes. Une autre révolution sociale, la généralisation de la couverture sociale. Elle est désormais un droit acquis, parfaitement défendable devant les instances juridiques du travail. Voilà une décision que les rétribués du secteur informel attendent depuis toujours. Il était temps qu’elle soit satisfaite et traduite dans la pratique des rapports dans le travail.
Par Youssef Chmirou
Directeur de la publication