Avant de devenir une célébrité mondiale, l’auteur des «Aventures de Tom Sawyer» avait visité Tanger. Un voyage qui n’a pas laissé que de bons souvenirs à Mark Twain…
Avant que les grandes figures de la Beat Génération ne mettent pied à terre à Tanger pour chanter ses éloges et humer ses odeurs et fumées, un écrivain américain, Mark Twain, nom de plume de Samuel Langhorne Clemens, découvrit la ville du Détroit et en laissa constance dans un ouvrage, «Le voyage des innocents» («The Innocents Abroad» en anglais), malheureusement peu connu comparé aux chefs d’œuvre que furent «Les Aventures de Tom Sawyer» et sa suite, «Les Aventures de Huckleberry Finn». «Le voyage» fut publié en 1869, alors que les deux «Aventures», qui vont faire la gloire mondiale de l’écrivain, ne le furent que plus tard, en 1876 et en 1885.
Quand Mark Twain quitta New York le 8 juin 1867 à bord d’un navire à vapeur, «The Quaker City», son but n’était pas de visiter le Maroc, un pays considéré comme fermé et extrêmement dangereux pour le voyageur occidental. Le Quaker City avait été affrété par l’Église évangéliste de Brooklyn pour un voyage touristique, le premier du genre selon les historiens américains. En réalité, il s’agissait d’un pèlerinage en Terre Sainte qui devait durer cinq mois et demi (le « Quaker City » rentrera à quai à New York le 19 novembre) en passant par la France, l’Italie, les îles grecques, enfin l’empire ottoman et l’actuel Machrek. C’est le quotidien de San Francisco «Alta California», qui paya le passage (1250 dollars) au jeune et inconnu Clemens (il a 32 ans) avec la promesse de l’envoi à intervalles réguliers d’une série de lettres de voyage. 53 au total, certaines factuelles et d’autres humoristiques et agrémentées de dessins, le tout avec un ton rafraichissant, seront envoyées au journal. «Le Voyage des innocents» est donc un compte rendu critique de l’industrie touristique naissante, mais aussi un inventaire des expériences de l’auteur qui produit des anecdotes personnelles et historiques avec des descriptions de personnes et de terres. Grâce à leur qualité, ces papiers seront repris par deux autres journaux, le New York Herald et le New York Tribune, puis deux ans plus tard regroupés pour être publiés sous la forme d’un livre.
Par Adnan Sebti
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