Que cachent les rituels ancestraux de Dar El Makhzen ? Comment ont-ils pénétrer la cour marocaine et à quoi peuvent-ils servir ? L’historien Mohamed Chiker lève, pour Zamane, le voile sur les traditions peu connues de Dar El Makhzen…
Quelles sont les origines des rites de Dar El Makhzen tels que nous les connaissons aujourd’hui ?
Le système du sultanat ottoman avait une grande influence sur les systèmes protocolaires et rituels au Maroc. L’influence des traditions et des coutumes politiques turques sur le système de gouvernance au Maroc était manifeste depuis le XVème siècle et à partir de l’époque des Saâdiens. C’est bien cette dynastie qui avait tenu à prendre connaissance de ces traditions et à s’en inspirer. Ceci s’est confirmé également avec les Alaouites. Ce système a été conservé jusqu’à l’époque du protectorat français lorsque le Résident Général Lyautey et ses successeurs ont tenu à respecter ces protocoles et à en faire les fondements de la politique au Maroc.
Dans vos travaux, vous faites la distinction entre les cérémonies de l’exercice du pouvoir et celles, plus discrètes, de la vie privée du sultan. Quelle est la différence ?
Les protocoles makhzeniens avaient en effet fait la distinction entre la vie publique du sultan et sa vie privée. Ceci est apparu à travers un ensemble de rituels et de comportements ; à leur tête les tenues portées par le sultan pendant l’exercice de sa fonction, ou lors de sa vie privée dans ses palais ou de ce qu’on appelle Dar El Makhzen. Cependant, le style vestimentaire sultanien avait évolué chez les Mérinides, les Saâdiens et les Alaouites, pour devenir plus protocolaire, puisque les tenues officielles que portait le sultan changeaient en fonction de ses activités. Dans ce contexte, l’historien Ibn Zidane avait signalé que le sultan, pendant ses sorties pour la prière ou pendant les séances de réceptions dans son palais, «portait un turban blanc sur la tête enroulé solidement autour d’une toque (kalansoua) rouge, d’une manière bien ajustée et bien présentée et portait un habit à bordures orné de soie de la plus haute qualité locale».
Lire la suite de l’article dans Zamane N°98 (janvier 2019)